Compilation et adaption par pierre BUGAT de Genève
Cette partie de l’histoire inclut "la Guerre de l’Opium (1840)" Vaincue et désastreuse pour la Chine, durant laquelle le Royaume uni, avec à peine 20 000 soldats et 50 canonnières, vainquit la vieille armée des Qing (1644-1911), la dernière dynastie féodale de Chine, qui se vantait de compter 900 000 hommes. Et pour effet la signature des " traités inégaux ", forcée de payer à l’envahisseur 21 millions de taels d’argent en guise " d’indemnités de guerre " et d’ouvrir cinq ports commerciaux. bénéficiant du régime d’exterritorialité, enclaves étrangères en terre chinoise, Hong Kong fut alors cédée aux Anglais, avant de revenir en 1997 dans le giron de la patrie.
L’agression d’alliance Anglo-Française contre la Chine
C’était pendant la seconde Guerre d’opium (la première en 1840). En octobre 1856, septième année
du règne de l’Empereur Xian Feng, le gouvernement britannique de Palmerston (1855-58 ; 1859-65) avait ordonné son armée d’expédition d’attaquer Canton.
L’année suivante, il désigna Elgin commandant des troupes anglaises en Chine pour lancer une invasion massive contre l’Empire chinois. A Paris, Napoléon
III décréta la participation de la France à cette Guerre en dépêchant le baron Jean-Baptiste Louis Gros pour diriger l’expédition avec celle de
l’Angleterre contre la Chine.
Après l’occupation de Canton, ils conduisaient la flotte vers le Nord jusqu’au port Dagu près de Tianjin en vue de forcer le gouvernement de la Dynastie des Qing à faire
des concessions. A l’issue de la bataille de Dagu, ils obligèrent le délégué impérial à signer le 26 juin 1858 le Traité de Tianjin. Et le 25 juin de
l’année suivante, les bâtiments de guerre anglo-français canonnèrent le port Dagu, mais ce soldant par une défaite. Ne se résignant pas à cet échec, ils
adressèrent le 16 février 1860 un ultimatum aux autorités impériales pour demander de remplir sans conditions des indemnités de guerre dans le Traité de Tianjin
et les clauses ajoutées ensuite. Vers fin mars, les troupes alliées partirent de Shanghai sous la conduite d’Elgin et de Gros dans la destination du Nord. Puis, ils occupèrent
Tianjin.
Le 24 juillet, l’Empereur Xian Feng décida de diriger en personne la bataille contre les troupes d’agression qui avançaient de Tianjin sur Tongzhou, ville d’avant-poste
dans la banlieue est de Beijing. L’Empereur plaçait l’espoir sur les unités impériales sous le commandement de Sengliqin qui avaient néanmoins un moral très bas
et prirent la fuite devant la lancée des adversaires.
Le 7 août, les troupes d’agression s’emparèrent des positions près du pont Baliqiao à l’ouest de Tongzhou. Ainsi la capitale se trouvait sous le feu des
envahisseurs. Ayant appris la chute de Baliqiao, l’Empereur s’enfuit de la Cité interdite dans la Résidence impériale à Rehe (aujourd'hui Chengde), laissant à son
frère Yishi le pouvoir de négocier avec les agresseurs.
( cliquer sur les photos pour les agrandir ).
Le 5 octobre, les soldats anglais et français
contournèrent vers Haidian, arrondissement nord-ouest et déjouèrent les troupes impériales à l’extérieur de la Porte Deshengmen. Le lendemain, ils occupèrent
le Palais Yuanmingyuan « joyau de la combinaison de l’architecture au style chinois et européen », quintessence des arts orientaux et occidentaux. Il composait le Palais
proprement dit, le Palais Changchunyuan (Printemps perpétuel) et le Palais Qichunyuan (Dix mille printemps).
pavillons, jardins,
cours d’eau et lacs, Tous trois se reliant étroitement et faisant un ensemble, occupaient une superficie de 350 hectares avec la périphérie extérieure de 10 km. versants et
plantations, formant tout comme le "Palais des dix mille palais", le "Parc des dix mille jardins".
Et le 17 octobre, entrèrent les premiers Français. Elgin leur ordonna d’y piller de leur plein gré tous les trésors
et objets rares et précieux pendant trois jours consécutifs tout en cassant des récipients et sculptures en bronze et en bois ou des porcelaines lourdes qu’ils ne pouvaient pas
emporter,sans citer livres anciens et vestiges, ce jusqu’à ce qu’ils mirent le feu sur cet immense édifice majestueux; tout devenait une mer de flammes et des nuages de
poussière de cendres volantes et de fumée qui embrasaient le ciel et voltigeaient et passaient rapidement pour tomber même dans les ruelles de la capitale.
Ainsi, devint ruines le Palais des palais, joyau de l’architecture au style traditionnel et européen
et symbole
de la combinaison des arts chinois et mondiaux. Qui plus est, ces bandits agresseurs mirent à sac tout en incendiant également les sites à côté dont les Jardins du Mont
Wanshou (Dix mille Longévités), Versant Yuquan (Source en jade) et Collines Xiangshan (Parfumées) ainsi que le bourg Haidian.
Sur la base d’un parc impérial des Ming, la construction de ce Palais immense et splendide suivi d’autres avait débuté dès 1700, 48è année du
Règne de Kang Xi, puis sous les règnes de Yong Zheng, Qian Long, Jiaqing, Dao Guang, et Xian Feng de la dernière Dynastie des Qing. L’ensemble s'acheva 150 ans plus tard.Ce
qui était frappant parmi les édifices, figuraient plusieurs "Pavillons à l'Occidental" dont les travaux furent commencés en 1745, dixième année du règne de
Qian Long. Il y eut la participation au design et aux décorations de nombreux Européens dont Joseph Castiglione (1688-1766) jésuite italien, venu en Chine en 1715, peintre
impérial fort apprécié par l’Empereur Qian Long et Michel Benoist (1715-1774) jésuite français venu en Chine en 1744.
Il
composait le Palais proprement dit, le Palais Changchunyuan (Printemps perpétuel) et le Palais Qichunyuan (Dix mille printemps). Tous trois se reliant étroitement et faisant un ensemble,
occupaient une superficie de 350 hectares avec la périphérie extérieure de 10 km. Palais, pavillons, jardins, cours d'eau et lacs, versants et plantations, formant tout comme le
''Palais des dix mille palais'', le ''Parc des dix mille jardins''.
Car, on y comptait selon des mentions une quarantaine de belles vues ou sites d’agrément bien connues, principalement somptueux palais (Grande Salle « Rectitude de l’esprit et
Droiture du coeur », « Salle de l’Harmonie suprême », « Palais de la Vaillance militaire ») et résidences des empereurs dont Qian Long et ses successeurs
séjournaient pour la plupart de temps par an, ainsi
qu’organes et institutions centres du cabinet impérial, des ministères et des états-majors de l’armée ; pavillons, cours et jardins de divers genres surtout aux
couleurs du Sud etc. En tout, on mentionnait quelques six cents d’édifices principaux ayant chacun une tablette portant une inscription. Ce fut le premier parmi les jardins impérial
ou royal tant en Chine qu’à l’étranger depuis l’antiquité jusqu’aujourd'hui.
Un bateau de marbre, construit avec les blocs du
soubassement d’un temple détruit en 1860, est ancré à jamais. A l’extrémité ouest de la galerie du bord de l’eau, on dit que pour sa
réalisation, en 1893, Cixi (la veuve de l’empereur Xianfeng) aurait puisé dans les fonds que la défense réservait à la constitution d’une flotte moderne
pour lutter contre l’Occident.
Un an plus tard, répondant au capitaine Butler, Victor Hugo, écrivain et poète de génie français en exil,
dénonçait de façon pénétrante les actes de gangstérisme des troupes anglo-françaises contre la Chine. Vraiment extraordinaire, il fut le premier Français,
citoyen du monde épris de justice qui éprouva un tel sentiment prévoyant et fraternel envers le peuple chinois et sa civilisation lointaine. Victor Hugo, le grand précurseur de
l’amitié franco-chinoise. Une majorité de français ne connaissent pas c’est épisode peu glorieux, étant totalement absent de tous les livres
d'histoire.
VOIÇI LA LETTRE INTEGRALE DE VICTOR HUGO Lettre totalement inconnu en France !
Au capitaine BUTLER Hauteville-House, 25 novembre 1861
Vous me demandez mon avis, monsieur, sur
l’expédition de Chine. Vous trouvez cette expédition honorable et belle, et vous êtes assez bon pour attacher quelque prix à mon sentiment ; selon vous,
L’expédition de Chine, faite sous le double pavillon de la reine Victoria et de l’empereur Napoléon, est une gloire à partager entre la France et l'Angleterre, et vous
désirez savoir quelle est la quantité d’approbation que je crois pouvoir donner à cette victoire anglaise et française.
Puisque vous voulez connaître mon avis, le voici :
Il y avait, dans un coin du monde, une merveille du monde ; cette merveille s’appelait le Palais d’Eté. L’art a deux principes, l’Idée, qui produit l’art
européen, et la Chimère, qui produit l’art oriental. Le Palais d’Eté était à l’art chimérique ce que le Parthénon est à l’art
idéal. Tout ce que peut enfanter l’imagination d’un peuple presque extra-humain était là. Ce n’était pas, comme le Parthénon, une oeuvre rare et unique ;
c’était une sorte d’énorme modèle de la chimère, si la chimère peut avoir un modèle. Imaginez on ne sait quelle construction inexprimable, quelque chose
comme un édifice lunaire, et vous aurez le Palais d’Eté. Bâtissez un songe avec du marbre, du jade, du bronze, de la porcelaine, charpentez-le en bois de cèdre, couvrez-le
de pierreries, drapez-le de soie, faites-le ici sanctuaire, là harem, là citadelle, mettez-y des dieux, mettez-y des monstres, vernissez-le, émaillez-le, dorez-le, fardez-le, faites
construire par des architectes qui soient des poètes les milles et un rêves des milles et une nuits, ajoutez des jardins, des bassins, des jaillissements d’eau et d’écume,
des cygnes, des ibis, des paons, supposez en un mot une sorte d’éblouissement caverne de la fantaisie humaine ayant une figure de temple et de palais, c’était là ce
monument. Il avait fallu pour le créer, le long travail de deux générations. Cet édifice, qui avait l’énormité d’une ville, avait été bâti par
les siècles, pour qui ? Pour les peuples. Car, ce que fait le temps appartient à l’homme. Les artistes, les poètes, les philosophes, connaissaient le Palais d’Eté ;
Voltaire en parle. On disait : le Parthénon en Grèce, les Pyramides en Egypte, le Colisée à Rome, Notre-Dame à Paris, le Palais d’Eté en Orient. Si on ne
le voyait pas, on le rêvait. C'était une sorte d’effrayant chef-d’oeuvre inconnu entrevu au loin dans non ne sais quel crépuscule comme une silhouette de la civilisation
d’Asie sur l’horizon de la civilisation d’Europe.
Cette merveille a disparu. Un jour, deux bandits sont entrés dans le Palais d’Eté. L’un a pillé, l’autre l’a incendié. La Victoire peut être
une voleuse, à ce qu’il paraît. Une dévastation en grand du Palais d’Eté s’est faite de compte à demi entre les deux vainqueurs. On voit mêlé
à tout cela le nom d’Elgin qui a la propriété fatale de rappeler le Parthénon. Ce qu’on avait fait au Parthénon, on l’a fait au Palais d’Eté,
plus complètement et mieux de manière à ne rien laisser. Tous les trésors de toutes nos cathédrales réunies n’égaleraient pas ce formidable et splendide
musée de l’Orient. Il n’y avait pas seulement là des chefs-d'oeuvres d’art, il y avait un entassement d’orfèvreries. Grand exploit bonne aubaine. L’un des
deux vainqueurs a empli ses poches, ce que voyant, l’autre a empli ses coffres et l’on est revenu en Europe, bras dessus, bras dessous, en riant. Telle est l'histoire des deux bandits.
Nous Européens, nous sommes les civilisés et pour nous les Chinois sont les barbares. Voilà ce que la civilisation a fait à la barbarie. Devant l’histoire, l’un des
deux bandits s’appellera la France, l’autre s’appellera l’Angleterre. Mais je proteste et je vous remercie de m’en donner l’occasion : les crimes de ceux qui
mènent ne sont pas la faute de ceux qui sont menés ; les gouvernements sont quelquefois des bandits, et les peuples jamais. L’empire français a empoché la moitié de
cette victoire, et il était aujourd’hui, avec une sorte de naïveté de propriétaire, le splendide bric-à-brac du Palais d’Eté ? J’espère
qu’un jour viendra où la France délivrée et nettoyée, renverra ce butin à la Chine
spoliée.
En attendant, il y a un vol et deux voleurs, je le constate. Telle est, monsieur, la quantité d’approbation que je donne à l’expédition de Chine.
Victor Hugo